02/12/2018

• La musique du rouet

Le rouet qui tourne, sa musique un peu grinçante, la cadence des doigts qui délient les fibres de laine brute au rythme du pied qui impose les tours, et la laine qui se tord et s'engouffre sur la bobine.

Filer la laine va bien au-delà de la fabrication d'un fil. C'est un geste millénaire. C'est s'asseoir, s'installer dans une position confortable, le pied sur la pédale, la laine cardée ou brute à portée de main, et faire tourner cette belle roue avec agilité et douceur.

Filer la laine c'est être reconnaissante pour le mouton qui a fourni sa toison, et sourire en tombant sur des fleurs et feuilles séchées coincées dans les fibres, de l'herbe, du foin et autres cadeaux.
Cet après-midi, après des semaines sans filer, après des semaines à essayer de reprendre mon souffle et retrouver un rythme qui me convient, je prends enfin le temps de m'asseoir sur mon banc, sortir le sac de laine, sentir son odeur, poser le torchon sur les genoux et actionner le rouet. Et je respire.

C'est plus que la fabrication d'un fil. C'est prendre le temps. Et faire.


On oublie au quotidien l'importance de retrouver des gestes simples, de sortir de notre tête et être dans nos corps. On oublie que nos mains sont capables de choses étonnantes, quand on veut bien calmer l'esprit qui s'échauffe au rythme de nos vies un peu trop remplies.

Alors mon rouet, c'est un beau rappel que le temps on peut le prendre.





















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